Question sur PRELE Provence (samedi, 25 avril 2009)

 

Pour Réaliser une Économie Locale Éthique

A quoi va servir PRÊLE ?

 

PRÊLE ne prétend pas avoir l'intention de conseiller et aider les personnes à établir leur commerce ou leur entreprise. PRÊLE n'a pas l'objectif de participer à la création d'entreprises ou d'activités commerciales. Ce n'est pas son objectif.

Cette question est importante parce qu'elle demande de bien intégrer les composantes du terme "économie" pour commencer. L'économie, c'est l'ensemble des faits relatifs à la production, la circulation, la répartition, la consommation des richesses dans une société. Elle ne se réduit pas aux quelques exemples d'entreprises commerciales ou industrielles dont nous avons pu parler ou témoigner. Comme nous parlons d'économie locale, cela suggère une réflexion et une action vers une participation plus consciente et plus solidaire des citoyens afin qu'ils deviennent de véritables acteurs responsables de leur économie locale. Et si nous parlons d'éthique au sujet de cette économie, c'est parce que nous souhaitons y intégrer des valeurs morales qui incluent le respect des hommes et de la nature, le droit à vivre et travailler sainement et équitablement. C'est-à-dire redonner du sens et de la valeur à vivre et travailler ensemble sur la même terre.

La question de l'écologie nous conduit aujourd'hui à envisager l'économie au plus près, on peut parler de relocalisation… Mais ce n'est pas seulement l'écologie qui est en question dans cette réflexion. Le modèle économique qu'on nous impose est à revoir dans son ensemble et nous pensons que nous pouvons commencer sans attendre à développer de nouveaux modèles en adéquation avec la réalité locale, environnementale et humaine. Remettre l'homme et la nature au centre de l'économie. Des propositions, il y en a. On peut vivre bien ensemble et avoir une économie saine tout en parvenant à limiter le coût des intermédiaires, des emballages polluants, des modes de conservations toxiques pour les produits qu'on ne trouve pas sur place, pour limiter les transports et la pollution qui en résulte… jusqu'à trouver les solutions qui permettront de les remplacer tout à fait.

C'est une réflexion sur la façon de se réapproprier une autonomie économique et sur la façon d'y parvenir ici et maintenant, là où nous sommes avec ce que nous avons entre les mains.

Ceci est l'esprit de PRELE.

" Un avenir sans autonomie est désormais impossible. L’Europe occidentale, mère fondatrice de l’idéologie qui domine le monde, sort d’une période de grande prospérité, dopée par les ressources quasi gratuites du Tiers monde : elle s’était installée dans une sécurité matérielle qu’elle a fini par considérer comme la norme. Nous savons maintenant que ce fut une grande illusion et l’occident doit faire face à une déconvenue d’autant plus dangereuse que son modèle boulimique est adopté par les pays émergents, en particulier, au moment où les ressources risquent d’être très insuffisantes.

Un climat d’insécurité s’installe et, dans le fleuve en crue qu’est devenue l’histoire contemporaine avec la fureur pillarde et aveugle qui la caractérise, sous l’impulsion d’un veau d’or plus triomphant que jamais, des consciences néanmoins émergent et agissent pour un avenir digne de l’intelligence.

Ainsi l’insécurité éveille-t-elle les imaginations assoupies pour une créativité tenant compte des critères de la continuité de la vie dans une dynamique d’éveil et d’innovation.

Les alternatives en tout domaine fleurissent : agriculture, habitat, nutrition, santé, éducation, énergie... Tandis que les états entretiennent coûte que coûte le modèle, seul en mesure de les justifier et de valider une politique déphasée par rapport aux réalités du monde d’aujourd’hui, la société civile s’appuyant sur son vécu réel et son ressenti quotidien, prépare les voies du futur. L’espoir n’est plus, s’il ne fut jamais, dans la gouvernance des timoniers du monde mais dans ce terreau humain encore vif, encore vivant, confronté aux réalités tangibles et trop souvent difficiles de la survie au jour le jour. Cependant, entre un monde qui décline et un autre à construire, se trouve une transition absolument décisive pour la suite de l’histoire. C’est l’une des raisons pour lesquelles les alternatives, pour construire les autonomies, ne doivent pas se contenter d’être de simples substitutions à l’intérieur du modèle, mais travailler à sa remise en cause.

Car à l’évidence, un nouveau paradigme est indispensable pour que l’urgence écologique et humaine soit au coeur des préoccupations du genre humain et que l’argent et l’économie soient là non pour l’asservir mais pour le servir." (Pierre Rabhi - extrait du blog de Pierre Rabhi)

PRELE participe au développement d' un modèle économique différent qui prend en compte l'environnement et la réalité écologique des êtres vivants, de la nature toute entière.

Les nouvelles activités économiques éthiques qui se développent de manière responsable trouvent rarement dans leur proximité, des pairs chargés d'expérience qui peuvent les guider pour réussir dans le respect et la conscience. Elles ne sont pas soutenues par les autorités en place dans l'aspect éthique (sauf recommandations gouvernementales rarement en adéquation avec la réalité écologique). Tout ce qui a été fait jusque là était en cohérence avec une économie de marché, dont l'objectif était la rentabilité. Ici, la valeur est différente. Il n'y a pas de modèle tout fait sur lequel s'appuyer, ils sont en élaboration, en expérimentation. La logique est tout autre. On réfléchit en "long terme", ou "durable" avec la réalité de la terre et du climat, avec l'expérience et les ressources locales, avec le temps qu'il faudra pour modifier tous les savoirs faires et les comportements… La notion de profit s'intéresse au bien être de l'individu dans le collectif…

C'est la raison pour laquelle cela vaut la peine de relever ceux qui ont réussi et qui fonctionnent bien. Cela vaut la peine de suivre leur exemple, de les imiter et de la faire savoir.

Tout changement extérieur est d'abord préparé par un changement intérieur. L'état d'esprit doit encore beaucoup évoluer avant que les choses changent en profondeur et d'en avoir conscience implique la sagesse du temps nécessaire.

Prenons des exemples d'économie locale éthique!

- Des personnes âgées affines ont un projet d'éco-habitat collectif dans leur commune.

- Un groupe d'amis décident de bâtir un éco-hameau en auto-construction pour économiser les matériaux, les transports et pour organiser leur vie solidairement.

- Des voisins désirent cultiver les terres inoccupées de la commune en bio. Ils s'organisent pour créer un jardin partagé.

- Une jeune femme à inventé un procédé de conservation pour préserver les qualités des aliments végétaux bio vivants (graines germées…), elle aimerait en faire son activité sans passer par des intermédiaires commerciaux.

- Un groupe de personnes, en situation financière précaire, décident de créer un SEL (système d'échange local) pour bénéficier de leurs compétences respectives sans avoir à utiliser l'argent qu'ils n'ont pas grâce à leurs échanges.

- Des personnes souhaitent s'organiser avec un paysan bio pour avoir un panier de légumes de la région toute l'année. Elles créent une Amap.

- Un jeune agriculteur veut s'installer dans sa commune natale et produire du bio. Il n'a pas de terres, ni l'argent, mais il a les compétences. Il dépose une demande de prêt à la Banque de Crédit Coopératif ou à la Nef qui finance ce type de projets éthiques (ce sont des banques éthiques) et à l’association Terre de Liens (qui rachète les terres à cultiver pour les rendre disponibles à l'agriculture biologique par exemple). Ses relations et amis lui apportent les informations dont il n'avait pas connaissance et participent solidairement en prenant des parts sociales éthiques à la coopérative, ils deviennent partie prenante de son projet et de ses résultats.

Dans la plupart de ces projets, les personnes s'associent, faute du soutien des autorités locales et des administrations, qu'elles doivent parfois combattre pour atteindre leurs objectifs.

Tous ces exemples parlent d'initiatives ou de projets d'économie locale à objectif éthique. Ils expriment bien la diversité, la créativité et la simplicité des solutions à notre portée, mais surtout la nécessité de la solidarité pour qu'elles fonctionnent.

Sur le plan local, et les exemples précédents parlent bien dans ce sens, PRELE désire susciter des groupes qui rassemblent les citoyens motivés pour réfléchir et agir localement sur des projets concrets à accompagner, tout en s'intégrant à un ensemble plus grand.

Agir localement, comment ?

Ceux qui se retrouvent sont parfois porteurs de leurs propres projets, d'autres viennent apporter leur soutien aux projets (par exemple dans la création d' une association de jardins partagés, il faut trouver des propriétaires de terrains consentants, organiser la gestion du matériel et de l'occupation du jardin…)

Des projets ont besoin d'être portés, mais aussi, ceux qui pourraient avantageusement bénéficier de ces projets ne savent pas toujours qu'ils existent. Des petits pas, de petites choses peuvent être faits par chacun de nous, et à plusieurs on en fait davantage. Les citoyens ont la capacité de réfléchir aux projets éthiques pour leur commune, pour l'ensemble et s'associer ou participer à ce qui se fait, pour commencer en donnant leur avis. Car ils ont un avis. Un développement et une ouverture à une participation plus citoyenne et engagée dans les programmes municipaux bénéficieraient avantageusement de ce puits de ressources encore trop ignoré.

L'état de notre monde à une histoire dont il faut regarder le sens positif. Il n'y avait pas d'autre alternative dans le grand mouvement d'évolution de la nature.

"L’humain, doté d’entendement et de conscience, ne peut se suffire de la seule réalité tangible. Il est capable de représentations mentales, de spéculations abstraites et comme on sait, le monde métaphysique a déterminé son destin d’une façon extrêmement décisive. Cette capacité lui a été précieuse pour s’imposer dans un univers hostile ou sa vulnérabilité physique n’aurait pu triompher de l’adversité et des rigueurs de la condition de survie. Il est le seul semble-t-il à pouvoir par ses aptitudes intellectuelles et manuelles s’adapter à tous les biotopes, d’un pôle à l’autre de la planète. On peut considérer que l’aptitude à modifier artificiellement une réalité rigoureusement prédéterminée pour toutes les autres créatures constitue les germes de la culture. Les obstacles que la nature oppose à la pérennité de l’humain aiguise sa perception du réel, et l’instinct de survie développe ses aptitudes à mettre en valeur les ressources que la nature lui propose pour assurer sa pérennité."

Néanmoins, nous ne sommes pas là pour sauver le monde, avec lui ou malgré lui. Nous appartenons à ce monde et nous participons aux courants de vie qui le font évoluer. Il faut savoir garder le recul nécessaire pour ne pas entrer en réaction avec les conséquences de notre responsabilité collective passée et présente vis-à-vis de notre futur et des générations suivantes. L'essentiel c'est ce que l'expérience nous amène à vivre et à évoluer ensemble. "

C'est ce qu'exprime aussi à sa façon Pierre Rabhi sur son blog

Il existe de nombreuses initiatives locales solidaires, et c'est une richesse qu'il nous faut soutenir et rendre davantage visible. Ces richesses locales agissent bien souvent isolément, et sans rapport avec les autres même si elles ont connaissance de leur existence.

PRELE se donne pour vocation d'essayer de les associer, de les rendre visibles, de permettre que la force qu'elles représentent ensemble entre en synergie. L'esprit d'unité et de solidarité présent dans son objectif pourrait permettre que les projets qui cherchent à fleurir sous les ailes de l'économie éthique puissent être soutenus par les citoyens proches et les associations locales, voire les communes.

PRELE souhaite participer au développement d'une nouvelle forme de penser l'économie et d'investir dans l' humain et dans la matière. Son investissement participe de la réflexion autant que de l'action.

Question:

Faut-il se préoccuper d'agir rapidement ? On nous dit que si nous ne faisons rien, l'avenir de la planète et de l'humanité est en grand danger…

Réponse:

"Il ne faut pas s’accrocher aux alternatives en se disant qu’elles vont changer la société. La société changera quand la morale et l’éthique investiront notre réflexion. Chacun doit travailler en profondeur pour parvenir à un certain niveau de responsabilité et de conscience et surtout à cette dimension sacrée qui nous fait regarder la vie comme un don magnifique à préserver. Il s’agit d’un état d’une nature simple : J’appartiens au mystère de la vie et rien ne me sépare de rien. Je suis relié, conscient et heureux de l’être." (le blog de Pierre Rabhi)

Il n'y a rien à rajouter à la profondeur de ce témoignage. C'est une évidence lumineuse.

Il y a des évidences, mais bien des questions sont encore sans réponse, parce qu'on a oublié ou faute de recul.

Il existe bien quantité d'associations alternatives qui mettent en valeur les initiatives éthiques et qui cherchent à féderer. Oui, c'est vrai, et nous nous appuyons sur elles pour avancer dans l'idée de notre programme (par exemple les Amaps, les SELs…). Dans ce sens, PRELE se sent l'âme d'un Colibri, au même titre que les autres (voir l'association les Colibris, inspirée du mouvement de Pierre Rabhi).

Si nous faisons ce que nous croyons juste de faire sans attendre des autres, nous n'aurons pas à regretter d'avoir au moins essayé …

PRELE est juste une invitation citoyenne, un mouvement est déjà en marche, nous y participons, prenons notre part avec nos moyens modestes, et librement !

. http://www.pierrerabhi.org

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